La place des médecines dites « alternatives » au sein du système de santé est une question sensiblement débattue. Pourtant, certaines disciplines ont beaucoup à apporter. C’est le cas de la naturopathie, du fait de son approche globale de la santé et du bien-être, de ses techniques naturelles de soin, préventives, autonomisantes et apaisantes, de ses possibilités en termes d’accompagnement et de complémentarité. D’ailleurs, de plus en plus de professionnels de santé s’y forment, notamment des médecins.
Mais est-il possible, ou même pertinent, de combiner les activités de professionnel de santé et de naturopathe ?
Qu’est-ce qu’un naturopathe soigne ? Quelle est sa véritable fonction ?
Le naturopathe ne soigne pas, il se concentre principalement sur la prévention des maladies et l’amélioration globale du bien-être. Sa pratique prend racine et appui sur des méthodes naturelles destinées à stimuler les défenses immunitaires. Contrairement à la médecine allopathique, qui se concentre principalement sur le traitement des symptômes et des maladies aigües, la naturopathie cherche à comprendre et traiter les causes sous-jacentes des déséquilibres de santé.
Ainsi, il peut être consulté pour :
- Des troubles digestifs chroniques (constipation, ballonnements, etc.) ;
- Des déséquilibres hormonaux (syndrome prémenstruel, ménopause, etc.) ;
- Des troubles du sommeil ou du stress ;
- Des affections cutanées (eczéma, psoriasis) ;
- Des douleurs chroniques (arthrite, douleurs musculaires, etc.).
Son objectif est de restaurer l’équilibre du corps et de l’esprit, à travers une approche holistique qui inclut divers outils, tels que la nutrition, l’exercice physique, des techniques de gestion du stress (relaxation, respiration, méditation, etc.), des techniques manuelles (massage, réflexologie, etc.), ou encore des soins naturels (phytothérapie, aromathérapie, micronutrition, etc.).
Sa fonction principale est d’éduquer et de guider ses consultants vers une meilleure hygiène de vie générale, pour un équilibre optimal de leur santé.
Vers une amélioration de la collaboration interprofessionnelle médecin/naturopathe en France
En France, la collaboration entre médecins et naturopathes dans le cadre d’approches de santé intégratives est encore en développement, mais on observe tout de même une tendance à la coopération. Cette complémentarité favorise une approche holistique de la santé et un parcours de soins individualisé complet, où les différents praticiens travaillent main dans la main pour le bien-être global des patients.
Plusieurs exemples notables ont été observés dans certains hôpitaux en France, où des naturopathes ont été intégrés à des équipes de soin. Cette alliance s’inscrit souvent dans le cadre de la prise en charge de patients atteints de maladies chroniques ou en période de convalescence.D’autre part, certains docteurs se voient chargés de projets de recherches en médecine complémentaire au sein de CHU, afin d’en évaluer l’efficacité et de développer les échanges entre les différentes pratiques médicales. À noter qu’à Paris, ce sont presque tous les grands hôpitaux qui ont intégré des pratiques thérapeutiques non invasives comme l’acupuncture, l’ostéopathie et les massages. Le service pédopsychiatrie de la Pitié-Salpêtrière recourt même à l’hypnose dans le cadre de prise en charge de la douleur.
Différence entre médecin et naturopathe
La principale différence entre un médecin et un naturopathe réside dans leur formation et leur approche thérapeutique.
Un médecin suit une formation universitaire dans une faculté de médecine, l’autorisant à diagnostiquer, prescrire des médicaments, et pratiquer des actes médicaux. Le naturopathe, en revanche, n’est pas un professionnel de santé reconnu par l’État, en France du moins car il l’est dans de nombreux pays. Ainsi, sa formation, bien que sérieuse, ne l’autorise ni au diagnostic, ni à la prescription, ni à la pratique d’actes médicaux. Elle se concentre sur l’apprentissage de méthodes naturelles pour accompagner et soulager des troubles, mais aussi rééquilibrer l’équilibre de santé général.
Le médecin traite les pathologies selon les standards de la médecine conventionnelle, avec des protocoles bien établis. Le naturopathe, lui, adopte une approche plus globale de la santé, en prenant en compte le corps dans son ensemble et en cherchant à prévenir les maladies avant qu’elles ne se développent.
Enfin, si le médecin est habilité à prescrire des traitements pharmaceutiques, parfois agressifs mais efficaces, en particulier pour des maladies graves ou aigües, le naturopathe ne l’est pas. Ses outils sont différents, il mobilise exclusivement des remèdes naturels et des modifications d’habitudes pour améliorer l’hygiène de vie globale.
Naturopathie et médecine traditionnelle : dualité ou coexistence pertinente ?
Les médecins naturopathes existent-ils ?
Peut-on être à la fois médecin et naturopathe ? Dans certains pays, c’est le cas. Et cela devient de plus en plus fréquent, car la médecine évolue constamment vers une approche plus intégrative. Un médecin naturopathe est simplement un professionnel de santé ayant suivi une formation médicale traditionnelle mais ayant également choisi d’intégrer la naturopathie dans sa pratique. Cette double compétence est plus que pertinente puisqu’elle offre une approche plus complète et un accompagnement plus personnalisé aux patients, en combinant les avantages de la médecine moderne (diagnostics, traitements d’urgence) et de la naturopathie (prévention, bien-être global).
Cette approche composite est appelée « médecine intégrative », et elle prend de l’ampleur dans de nombreux pays, en particulier aux États-Unis et au Canada. Dans ce cadre, le médecin naturopathe travaille en collaboration avec d’autres professionnels de santé pour offrir une prise en charge holistique qui combine le meilleur des deux mondes. Ces médecins sont en mesure d’intégrer des techniques comme la phytothérapie, l’aromathérapie, ou encore des conseils en nutrition, tout en pratiquant dans le cadre légal de la médecine. D’ailleurs, ce cas de figure ne concerne pas uniquement les médecins généralistes, il existe aussi des infirmières, pharmaciennes, kinésithérapeutes, sages femmes, diététiciennes (etc.) formés à la naturopathie, aux soins naturels.
Devenir médecin naturopathe : formation et compétences requises
Il n’existe pas de cursus universitaire officiel de naturopathie reconnu par l’État pour les médecins en France. Cependant, plusieurs écoles privées proposent des formations spécifiques en naturopathie, permettant aux médecins d’acquérir des connaissances en phytothérapie, nutrition, sophrologie, aromathérapie et bien d’autres. Ces formations combinent théorie et pratique, et permettent aux médecins d’obtenir une vision plus holistique du soin, en tenant compte de l’ensemble des dimensions physiques, émotionnelles et environnementales de leurs patients.
Outre cette formation complémentaire, le médecin naturopathe doit également maîtriser des compétences en communication, vulgarisation et pédagogie, puisque l’une des clés de cette approche est d’éduquer les patients à mieux comprendre leur corps et à adopter des habitudes de vie plus saines.
Fonction et approche du médecin généraliste formé en naturopathie
Concrètement, un médecin généraliste naturopathe pourrait recommander des plantes médicinales pour améliorer la digestion, des techniques de gestion du stress comme la méditation ou le yoga, ou encore des ajustements alimentaires pour renforcer le système immunitaire. Cependant, contrairement aux naturopathes non médecins, il conserve la possibilité de prescrire des médicaments allopathiques si nécessaire, garantissant ainsi une sécurité pour les cas où la médecine conventionnelle est indispensable.
L’approche holistique de ce type de docteur permet de traiter le patient dans sa globalité, en prenant en compte non seulement la maladie, mais aussi le style de vie, le bien-être psychologique et les facteurs environnementaux. Cette approche peut s’avérer particulièrement bénéfique pour les patients souffrant de maladies chroniques, de troubles digestifs, de fatigue ou de stress.
Le rôle du médecin formé à la naturopathie varie selon sa spécialité. Par exemple, un dermatologue naturopathe pourra intégrer des approches naturelles pour traiter les affections cutanées chroniques, en utilisant des huiles essentielles, des cosmétiques naturels, des plantes spécifiques ou des régimes anti-inflammatoires, en complément ou à la place de traitements médicamenteux classiques.
Un gynécologue formé en naturopathie, quant à lui, pourrait recommander des compléments alimentaires adaptés aux troubles hormonaux, ou utiliser des solutions naturelles pour accompagner la ménopause ou traiter les troubles menstruels.
La formation en naturopathie offre ainsi aux médecins spécialistes des outils supplémentaires pour proposer des alternatives plus douces aux patients qui recherchent des solutions naturelles à leurs problèmes de santé, tout en s’appuyant sur des bases médicales solides.
Qu’il soit généraliste ou spécialiste, un médecin formé à la naturopathie propose une prise en charge complète, alliant la rigueur de la médecine moderne aux bienfaits préventifs, curatifs et éducatifs des méthodes naturelles. Et bien que cette approche ne soit pas encore pleinement reconnue par le système de santé, elle continue de gagner du terrain, en offrant aux patients un soin personnalisé et autonomisant, respectueux de leur bien-être global.
Être à la fois médecin et naturopathe est donc non seulement possible, mais cela peut représenter une réelle valeur ajoutée dans le secteur médical. Alors que la médecine allopathique et la naturopathie ont chacune leurs forces et leurs limites, la combinaison des deux permet d’adopter une vision plus équilibrée et personnalisée du soin. À condition qu’elles soient utilisées de manière complémentaire, et non contradictoire.