Aujourd’hui, certains pays reconnaissent et encadrent l’enseignement et la pratique de la naturopathie, à l’instar de l’Allemagne, l’Australie, la Suède, le Canada ou encore le Royaume-Uni. Mais d’autres, comme la France, connaissent un vide juridique à ce sujet. Concernant la formation, il n’y a donc pas de cursus standardisé, ni de diplôme d’État spécifique, à l’heure actuelle. D’où vient cette absence de reconnaissance ? Comment devenir naturopathe malgré tout ? Et quelles perspectives d’avenir cette activité peut-elle espérer ?
Comprendre la naturopathie et son cadre juridique en France
Bien que la naturopathie soit considérée comme une « médecine traditionnelle » par l’Organisation Mondiale de la Santé (au même titre que la médecine chinoise), il n’existe pas de reconnaissance et de régulation officielles pour la profession de naturopathe, en France, aujourd’hui. Cependant, certains organismes œuvrent en ce sens, comme le SPN ou encore l’OMNES.
Bien qu’elle ne soit pas officiellement reconnue par l’État français, sa pratique reste légale, tant que le praticien ne se revendique pas médecin et que ses activités ne comprennent ni diagnostic ni traitement de maladies, actes médicaux réservés aux professionnels de santé (article L.4161-1 du Code de la santé publique).
Pourquoi est-elle reconnue et encadrée dans certains pays ?
La reconnaissance de la naturopathie varie selon différents facteurs, tantôt culturels, historiques, politiques ou encore juridiques spécifiques. Mais, globalement, les pays qui reconnaissent et encadrent la pratique de la naturopathie ont en commun :
- Une histoire marquée de traditions dans le domaine des soins naturels ;
- La prise en considération d’une demande croissante de la part de la population au fil des années, concernant les approches complémentaires et holistiques en matière de santé, ainsi que le désir d’améliorer son bien-être général ;
- D’investir dans la recherche sur l’efficacité des traitements naturopathiques ;
- De favoriser l’intégration des pratiques naturopathiques au sein du système de santé et d’encourager la collaboration entre naturopathes et professionnels issus du secteur de la santé conventionnelle ;
- D’encadrer la naturopathie, tant au niveau législatif qu’éducatif et professionnel ;
- De disposer de politiques de santé publique qui valorisent les approches préventives et holistiques.
Quelques exemples :
- L’Allemagne : c’est un peu le berceau des médecines complémentaires en Europe. Depuis le XIXe siècle, de grandes figures comme Samuel Hahnemann, Sebastian Kneipp ou encore Anna Fischer-Dückelmann ont grandement participé au façonnement d’une culture favorable à l’approche holistique de la santé au sein du pays.
Concernant la naturopathie, la formation y est rigoureuse et cadrée par une réglementation stricte (lois relatives, examens officiels, normes professionnelles élevées).
Certaines pratiques naturopathiques sont même reconnues et couvertes aujourd’hui par les assurances de santé, ce qui renforce leur légitimité et leur accessibilité. Il existe également une collaboration croissante entre les médecins conventionnels et les naturopathes, notamment dans les domaines de la prévention et du traitement des maladies chroniques.
D’autre part, le pays investit dans la recherche sur les thérapies naturelles et complémentaires, ce qui participe à la validation scientifique de certaines techniques de soin et aide à les intégrer petit à petit au système de santé plus largement. - Le Canada : le pays reconnaît la naturopathie en tant que pratique de soins de santé complémentaires. Cette reconnaissance a pris forme grâce à plusieurs aspects structurants du système de santé, de l’éducation, de la réglementation et de la culture canadienne en matière de santé.
Un titre de naturopathe existe, obtenu après des études reconnues à l’échelle nationale (formation de niveau universitaire d’une durée de quatre ans), et est protégé dans certaines provinces.
De plus, plusieurs régimes d’assurance privés comprennent la naturopathie.
La charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, adoptée en 1986, fait partie des événements qui ont marqué un tournant important dans la façon dont la santé est perçue et gérée, mettant l’accent sur l’importance de la prévention des maladies, de l’éducation sanitaire, et de l’empouvoirement des individus pour améliorer leur propre santé. Elle a aussi mis en exergue la nécessité d’une action coordonnée entre les gouvernements, le secteur de la santé, les organisations non gouvernementales et les communautés elles-mêmes. L’adoption de cette charte a favorisé la reconnaissance de la naturopathie de manière plus générale, son intégration dans les systèmes de soins, la création de cadres réglementaires au sein de plusieurs provinces pour en réguler la pratique, avec des exigences strictes concernant la formation et la certification.
Le métier de naturopathe : compétences et mission
D’abord, le naturopathe doit posséder de solides connaissances en nutrition (bromatologie), mais aussi en physiologie, anatomie et fonctionnement du corps humain. Ensuite, il doit également connaître les principales pathologies existantes, être en mesure de rechercher les causes d’un symptôme et comprendre comment le soulager à l’aide de techniques de soins naturelles, telles que l’aromathérapie, la bromatologie ou encore la phytothérapie. Enfin, il se doit d’être à l’écoute et est soumis au secret professionnel.
Le naturopathe a pour rôle majeur d’aider ses clients à améliorer leur bien-être, et à prévenir les maladies en améliorant leur équilibre de santé par l’optimisation de leur hygiène de vie (stress, sommeil, alimentation, activité physique). Il les guide vers un mode de vie plus sain et naturel.
Est-ce que la naturopathie est reconnue par l’État ?
Des enjeux juridiques et politiques contribuent à renforcer la non-reconnaissance de la naturopathie, comme son manque de visibilité dans les instances officielles, ainsi que l’absence de cadre réglementaire.
Pourquoi la France ne reconnaît-elle pas encore la naturopathie ?
Si la naturopathie a longtemps manqué de fondement et de consensus scientifique, il existe désormais un nombre de plus en plus important d’études, de recherches et de preuves cliniques soutenant l’efficacité de pratiques naturopathiques vis-à-vis de certains troubles.
Seulement, la diversité des pratiques et des approches participe à brouiller les frontières entre une naturopathie éclairée, cadrée et légitime, et des thérapies controversées. Les naturopathes et les écoles, qui se sont posés en modèle alternatif face à la médecine allopathique, n’ont pas arrangé la situation. En témoignent les nombreux scandales qui ont eu cours en 2022 et fortement terni l’image et la crédibilité de la naturopathie (déréférencement de Doctolib, polémique autour d’Irène Grosjean, etc.). Certains naturopathes s’assimilent en effet à des médecins et mettent en danger la vie de leurs clients. Clients qui, bien souvent, démontrent une certaine fragilité, et la perte du lien de confiance avec le système médical aux mains duquel ils ont cessé de remettre leur santé.
Tout cela rend difficile, pour le grand public comme les pouvoirs publics, de discerner ce qui est fiable et efficace, digne de confiance ou non. D’autant qu’il n’existe pas, à ce jour en France, de législation et de réglementation concernant la naturopathie. Ainsi, contrairement aux médecins et autres professionnels de santé, les naturopathes ne sont généralement pas tenus de suivre une formation standardisée ou de passer des examens de certification nationaux.
C’est pourquoi l’État multiplie les contrôles via la DGCCRF, afin de traquer les pratiques commerciales trompeuses (plaque à l’entrée d’un lieu de consultation, emploi de logo semblable au caducée, etc.) et les allégations semant volontairement le doute chez le consommateur (prétention à guérir le cancer, recours abusif aux formulations telles que “diplômante”, “reconnue”, etc.). À titre informatif, en 2022, 66% d’anomalies ont été relevées sur une cinquantaine de disciplines comme la naturopathie. Et, sur les 381 établissements contrôlés, 261 ont été rappelés à l’ordre.
Au centre du débat se pose, en définitive, le problème du manque d’encadrement des pratiques naturopathiques, ainsi que leur enseignement. Encadrement qui limiterait les dérives et permettrait à la naturopathie de trouver sa juste place auprès de la médecine conventionnelle, avec toute la rigueur nécessaire et la vigilance indispensable.
L’évolution possible de sa reconnaissance
Si la future reconnaissance de la naturopathie par l’État français est aujourd’hui incertaine, des avancées sont néanmoins engagées, notamment grâce à un contexte européen et international plutôt favorable. Parmi les plus notables :
- Le 29 mai 1997 : le Parlement Européen vote une résolution en faveur de la reconnaissance des médecines non conventionnelles, appelant à la reconnaissance des médecines complémentaires et des nouvelles professions de santé, à la condition d’en encadrer l’exercice et la formation.
- Depuis 2001, la naturopathie fait partie du registre des médecines complémentaires, grâce à la promotion d’une dynamique intégrative et d’une régulation par l’OMS. À ce titre, les États membres sont incités à contribuer à l’élaboration d’un code de conduite et à l’instauration de dispositions sur la formation, la qualification et l’agrément des pratiques et praticiens de médecine complémentaire. Enfin, ils sont encouragés à favoriser l’interdisciplinarité et le dialogue entre les médecins et les thérapeutes non conventionnels.
- En 2012 et 2013, le Centre d’Analyse Stratégique et l’OMS soulignent par écrit les enjeux de régulation et de contrôle qui découleraient d’une reconnaissance des pratiques naturopathiques, et incitent la considération des médecines complémentaires dans leur globalité afin de sécuriser l’ensemble des pratiques alternatives.
Les formations en naturopathie existantes
Alors que de nombreuses écoles proposent des formations en naturopathie, aucune n’est pour l’instant reconnue par l’État en France, et aucune ne justifie plus d’un titre RNCP. Cela soulève des questions légitimes quant à la validité de leur programme. D’autant que durée de formation, contenu et méthodes pédagogiques peuvent varier considérablement. À quoi se référencer ? À quels critères se fier ?
Formation de naturopathe : à distance ou en présentiel ?
L’un des principaux avantages de la formation en présentiel est bien sûr l’interaction directe avec les instructeurs et les autres élèves, ainsi que les opportunités de réseautage qui en découlent. De plus, assister à des cours en personne peut générer un sens de responsabilité et d’engagement plus fort envers ses études. L’obligation de se rendre sur un lieu physique aide parfois à rester motivé et à maintenir une structure tout au long de son apprentissage.
Les formations à distance, elles, offrent davantage de flexibilité, d’accessibilité et d’autonomie, ce qui peut représenter une option plus pratique pour les personnes qui souhaitent se former tout en conservant leur emploi, celles qui ont des difficultés à se déplacer ou bien celles qui doivent tenir des responsabilités familiales.
De fait, les cours en ligne permettent une plus grande liberté en termes d’horaires et de lieu. Vous pouvez suivre les cours depuis chez vous et organiser votre emploi du temps selon vos besoins. Vous pouvez avoir accès à des formations de qualité, même si vous n’habitez pas à proximité d’un établissement en proposant en présentiel, car elles proposent souvent une plateforme d’apprentissage complète, allant de la théorie à la pratique, et délivrant des ressources pédagogiques interactives variées.
Avant de vous inscrire, assurez-vous surtout que le programme de la formation choisie corresponde à vos attentes et objectifs professionnels, ainsi qu’à vos contraintes logistiques, vos préférences d’apprentissage et votre rythme de vie.
Comment devenir naturopathe certifié sans diplôme ?
Même si la profession reste accessible sans diplôme, la formation demeure indispensable, car gage de crédibilité et de sérieux. Cependant, la choisir exige une approche prudente et une recherche approfondie, pour s’assurer de la qualité, de la ligne pédagogique et déontologique des cours dispensés.
Les critères indispensables
Parmi les critères à étudier avant de faire le choix de sa formation, on peut considérer :
- le programme ;
- le profil des formateurs ;
- la durée de la formation ;
- l’approche scientifique ;
- la ligne déontologique ;
- l’ingénierie de formation et les outils pédagogiques mis à disposition ;
- l’accompagnement tutoral.
La certification Qualiopi
Aucun type de qualification reconnu n’existant concernant la naturopathie, il est recommandé de se tourner a minima vers des programmes accrédités par des organismes reconnus, et de vérifier si ces organismes sont reconnus par des professionnels du secteur.
Dans ce contexte, la certification Qualiopi émerge comme un indicateur de qualité. Cette certification, mise en place par l’État en 2022, atteste de la qualité des processus mis en œuvre par les prestataires de formations. Il est donc essentiel pour les futurs étudiants en naturopathie de comprendre ce que signifie cette certification et son impact sur la valeur de leur formation. Elle est délivrée sur la base du Référentiel National Qualité, qui comporte 7 critères répartis en 32 indicateurs, et les organismes de formation qui en sont détenteurs sont habilités à recevoir des financements publics ou mutualisés.
Formation en naturopathie et CPF
Pour être éligible au CPF, une formation doit être reconnue par l’État. Dans le cas de la naturopathie, le métier n’étant pas encore reconnu, il n’est par conséquent pas finançable avec le Compte Personnel de Formation.
Toutefois, il existe des possibilités de financements, notamment pour les demandeurs d’emploi via France Travail (Pole Emploi), mais aussi par l’intermédiaire de certaines aides régionales, ou bien celle de votre employeur si vous êtes salarié et qu’une formation en naturopathie est en lien avec votre travail ou peut être bénéfique pour votre entreprise.
Les étapes clés pour une reconversion réussie dans la naturopathie
Pour une reconversion réussie en naturopathie, plusieurs étapes clés sont à prendre en compte.
Il est tout d’abord essentiel de comprendre et d’interroger vos motivations pour embrasser cette carrière, ainsi que d’évaluer vos connaissances actuelles (en particulier scientifiques) pour identifier les lacunes et points à améliorer. Il est aussi important de s’informer sur les grands principes de la naturopathie, ses pratiques et les compétences nécessaires.
Ensuite, vient le choix de l’école ou du programme de formation, en prenant en compte la qualité de l’enseignement, la pertinence du programme, l’adéquation avec vos objectifs, etc.
Durant la formation, il est important de s’investir pleinement, de travailler régulièrement et de faire preuve de patience. On ne devient pas naturopathe du jour au lendemain. L’expérience vient avec la pratique, la pratique sur soi puis celle sur les autres, la remise en question et la persévérance.
Enfin, il faut préparer son installation professionnelle et développer son activité. Cela implique généralement de travailler à temps partiel en début de carrière, ou bien de partager un cabinet avec d’autres professionnels du bien-être pour gérer les coûts. Cela nécessite également quelques notions de marketing, de communication et de gestion d’entreprise.
Le saviez vous ?
Certains organismes de formation proposent des modules de création d’entreprise au sein de leur formation pour devenir naturopathe.
Devenir naturopathe : quelles opportunités ?
Les débouchés lorsque l’on est naturopathe sont variés. De fait, il existe une multitude de possibilités de pratique et de modalités de pratique. De par ses différentes missions tout d’abord, telles que celle de conseiller en santé naturelle, de praticien en techniques thérapeutiques naturelles non invasives, ou bien encore d’éducateur à la santé naturelle.
Ensuite, côté possibilités d’installation et développement d’activité :
- la pratique de la naturopathie sédentaire : consultation en cabinet, en cabinet partagé, en magasin spécialisé, au sein d’un spa, d’un centre de bien-être, etc.
- la pratique de la naturopathie nomade : consultations à domicile, ateliers, conférences, en entreprise, au sein d’un ehpad, d’une salle de sport, etc.
- la pratique de la naturopathie en ligne.
Enfin, il est aussi possible de se spécialiser pour se démarquer : par public, par trouble ou encore par technique.
Les perspectives d’avenir pour la naturopathie en France
Le futur de la naturopathie en France semble prometteur, malgré le manque de reconnaissance officielle par l’État à l’heure actuelle. En effet, l’intérêt pour cette approche est en constante augmentation, avec une prise de conscience croissante de l’importance d’une vision holistique de la santé. Elle gagne ainsi progressivement en visibilité et en crédibilité.
Ainsi, il est envisageable qu’à l’avenir des évolutions législatives permettent sa pleine reconnaissance, à l’instar de l’ostéopathie (2002). Reconnaissance qui apporterait une légitimité nécessaire à la profession, contribuerait à la valorisation de ses apports, à son développement et la sécurisation de ses pratiques. Évidemment, la co-construction d’un discours entendu, homogène et partagé par les naturopathes à l’égard de la médecine conventionnelle, respectueux de la prééminence médicale, sera indispensable. De même que l’ouverture d’un réel dialogue entre médecins et naturopathes.
Par ailleurs, les attentes des Français en matière de santé évoluent, avec une recherche accrue de solutions naturelles et préventives pour préserver leur bien-être. Cela pourrait contribuer à faire de la naturopathie une profession d’avenir, répondant à ces nouvelles demandes de santé.
Instituer un statut officiel de naturopathe et intégrer la pratique de la naturopathie au système de santé permettrait d’établir de façon claire et délimitée sa place, sa complémentarité et ses limites vis-à-vis de la médecine allopathique, et d’instaurer un cadre plus sécurisé, aligné avec les politiques de santé publique.
En l’absence de cadre législatif, de régulation, de formation réglementée et de code déontologique partagé, les risques sanitaires, le charlatanisme, les dérives sectaires et les abus de faiblesse resteront difficilement maîtrisables.
Il s’agit également d’un préalable indispensable au déploiement d’une réelle médecine intégrative.
Certains modèles de réglementation dans certains pays européens peuvent alimenter ces réflexions. Cette évolution souhaitable sera quoi qu’il en soit subordonnée, inévitablement un jour ou l’autre, à la reconnaissance d’un diplôme reconnu par l’État et au contrôle du contenu de la formation.